La psychothérapie et l'ennui
Lassitude. Une sensation de vide. Envie de rien. L’ennui avance. Qu’on ne vienne pas me parler de désir surtout. Entre mes lèvres pas le moindre goût. La descente vers le néant est entamée. Mes oreilles se battent comme le tic tac dans ma tête, le temps pèse sur tout mon corps, mes épaules, mon ventre, mes jambes. Il m’écrase, je ne suis plus rien. Je ne peux plus rien. Je suis pourtant ici pour penser, pour analyser, pour comprendre quelque chose de ma vie, lui donner un sens. Mais je ne peux plus rien. Ni parler, ni écrire. Je souris, non je grimace, je respire, donne l’air d’aller. Ça va je crois, oui, ça va, aujourd’hui, je m’ennuie.
L’ennui n’a pas bonne réputation dans le monde de la santé. Il est souvent considéré comme une souffrance psychique silencieuse. On dit qu’il arrive toujours avec cet étrange sentiment, qu’on nomme la mort. On dit que celle-ci, guette avec lui et ensemble ils font barrage à tout désir d’exister.
On dit aussi que l’ennui est un vide à soi-même et à l’environnement. Pour beaucoup de médecins, de psychiatres et de chercheurs, l’ennui participerait d’une forme de stagnation qui signifierait un arrêt des échanges. Même au théâtre et dans les plus grands textes littéraires, l’ennui est mis en scène comme une bête féroce que l’on doit toujours apprivoiser, masquer, combattre. Le personnage de Madame Bovary peut parler d’ennui seulement et uniquement après sa belle rencontre avec le Marquis d’Andervilliers dans un bal extravagant. L’ennui semble nécessiter de certaines conditions pour « s’anoblir » et devient supportable voir désirable. Il a fallu que Madame Bovary compare ses fantasmes à la réalité de monotonie de la vie du village, qu’elle lise Balzac, qu’elle rêve de Paris pour qu’on accepte l’ennui et pour qu’ait envie de devenir son ami.
Aujourd’hui, je dis non à ces conditions. Je veux voir ce qu’on a bien voulu décrire comme irregardable. Je veux enlever le masque de la mort qu’il porte depuis si longtemps. Et je lance une invitation formelle et sans détour à l’ennui, je lui dis :
« Cher ennui,
Je t’invite aujourd’hui à venir chez moi, tu pourras souffler tout le temps que tu voudras. Tu n’auras pas besoin de te cacher, tu pourras faire de moi, de mon corps, de mes émotions, de ma tête, de mon cœur ton lieu de repos. Tu pourras aussi t’en aller quand bon te semblera, et revenir et repartir et revenir. Je serai toujours là pour toi.
A bientôt,
Pamella Edouard ».
L’ennui fait partie de tout travail psychothérapeutique qu’il soit à médiation artistique ou pas.
L’ennui est une étape indispensable dans les séances de psychanalyse.
N’ayons pas peur de l’ennui quand il arrive, il ne veut que notre bien.
L’ennui nous aide quand nous sommes en dépression ou quand nous sommes habités par un sentiment de déprime. Il nous aide à mieux vivre notre état de fatigue psychique.
L’ennui est un atout de taille dans notre psychanalyse.